L’origine des matières premières agricoles utilisées dans ce que l’on mange et ce que l’on boit, on en parle à l’heure du Salon de l’Agriculture à Paris ?
Côté bières, on se perd devant les étiquettes aux multiples informations écrites en minuscule. Devant celles qui ne disent rien, on est perdu aussi. On cherche vainement l’origine des céréales, des malts, des houblons utilisés. On lit quelquefois des noms de variétés de houblons ou de malts, mais d’où viennent-ils ?
Les questions restent sans réponse, la plupart du temps. Ou les réponses sont vagues. Ne parlons pas des produits ultra transformés dont on le goût surprend, ou dont on ne ne goûte même plus le goût… On a tous fait l’expérience d’acheter un produit que l’on pensait fabriqué en France et qui se révèle venir d’autres pays d’Europe, voire de bien plus loin sur la planète.On a tous acheté une bière “locale” en pensant qu’elle était faite dans la région, et découvert qu’elle était brassée à l’étranger.
Aujourd’hui heureusement, la réglementation de l’étiquetage impose aux producteurs de bière de préciser « Le nom et l’adresse du producteur de bière en évidence sur l’étiquetage de manière à ne pas induire en erreur le consommateur quant à l’origine de la bière, d’une manière quelconque, y compris en raison de la présentation générale de l’étiquette ».
On sait où la bière est produite, mais comment est-elle produite?
La mention de l’origine des ingrédients utilisés n’est pas obligatoire, elle ne repose que sur le volontariat des producteurs.
Pour informer sur l’origine des produits transformés, il existe le logo Origin’Info.
Il permet de préciser la liste des principales matières agricoles du produit et leur pays d’origine.
Il permet d’ajouter une indication du lieu où le produit a été tranformé ( picto d’une usine)
Il permet aussi de compléter cette liste par un camembert si plusieurs pays sont présents dans la composition du produit.
La distinction est faite entre un ingrédient, comme le malt par exemple, pour la composition des bière, et une matière première, comme les céréales ou les houblons.
Un macaron « 100 % ingrédients bio français »
La première démarche volontaire d’un acteur dans la filière des boissons alcoolisées à mettre en avant l’origine des matières premières est Millésime BIO. Dans le cadre du Concours Mondial des Bières Biologiques, lui-même adossé au Concours Mondial des Vins Biologiques.
Cette première initiative pour valoriser les matières premières agricoles bio et françaises dans les bières est une initiative à saluer. Tant elle répond à un besoin des consommateurs.

La mention de ce prix spécial sous forme de macaron a été décerné pour la première fois cette année en 2025 à 9 bières médaillées répondant aux critères demandés: orges, malts, houblons bio d’origine française.
C’est un début prometteur, sachant que plus de 20 brasseries ont présenté des bières avec ces critères. La précision sur les variétés utilisées est une question qui a été soulevée par de nombreux juges et acteurs de la filière brassicole pendant le salon.
Ce sujet, ainsi que d’autres sujets liés à la façon dont les liens entre agriculteurs et brasseurs se développent ont été abordés dans une conférence au salon Millésime BIO fin janvier 2025.
Le thème de cette conférence était : Bières Bio 100% locales : comment se structure la filière brassicole française?

« Les ingrédients locaux dans la bière, cultivés le plus proches de notre brasserie, c’est un peu notre terroir » Benjamin Valentin de la Brasserie Stéphanoise. Qui va jusqu’à dire : « si on a fait de la bière artisanale au départ, c’est pour dés-uniformiser les goûts. Aujourd’hui, on doit se réinventer à travers des ingrédients qui font partie de nos terroirs ».

Quand origine et originalité se rejoignent
« Mentionner l’origine des matières premières, le fait d’avoir des ingrédients locaux, et donc d’avoir une signature propre de bière, au delà du savoir faire de la brasserie, est un atout à l’international. est à l’international,il y a cette originalité qui vient dans l’esprit du consommateur, qui fait lien avec l’agriculture française » précise Philippe Martin, coopérative Comptoir Agricole.

Ce qu’on cherche tous à valoriser nos produits locaux, et on est juste au début de ce travail, précise Robin le Berre, de la Malterie Ardéchoise.
Tout en soulignant l’importance des aléas climatiques, et la capacité variable d’adaptation des variétés d’orge utilisées. D’où l’importance des échanges entre les différents métiers.

Qu’est ce que l’on met derrière le mot « local » quand on dit « bières locales »?
C’est important d’utiliser des ingrédients produits localement, si possible pour la plupart, précise Benjamin Valentin.
Privilégier des ingrédients locaux, c’est aussi s’engager avec un producteur local, un malteur, un houblonnier.
« Faire travailler ensemble les différents métiers d’une filière, réunir les maillons pour construire le dialogue: des agriculteurs, producteurs d’orge et de houblons, des coopératives organismes stockeurs, des malteurs, puis des utilisateurs finaux, les brasseurs et les distillateurs » explique Amélie Berger de l’Association Brassicole Bio Interprofessionnelle d’Occitanie.
Un des résultats est la création de fiches ressources sur les différents métiers, la mise en relation entre les maillons, l’accompagnement pour créer un malt bio régional, mettre en lien des agriculteurs qui veulent travailler directement avec des brasseurs.
Pour écouter la conférence sur ce sujet : c’est ici.
L’occasion aussi de parler des tests comparatifs réalisés à ce jour entre les variétés de houblons identiques cultivés dans différents départements, et entre les variations apportées par des variétés d’orges différentes sur un même terroir.
La transparence sur les étiquettes : un moyen pour se reconnecter au monde agricole
La volonté est réelle de se reconnecter les uns et les autres, consommateurs et agriculteurs. On a besoin de se rencontrer, de se parler, de se connaître. Le développement des brasseries locales, près de 2610 brasseries en janvier 2025, est un signal positif de la demande de produits de proximité de la part des consommateurs.
C’est pour cela que Mordu Magazine de la Terre à la Table existe.
Pour mettre en lumière les gens de la terre et ceux qui les mettent en musique sur nos tables. Avec une attention particulière pour le bio, le local, et les mentions qui précisent les ingrédients et leurs origines sur les étiquettes.