Japon, Curry, Ryoko, voyages
Elle s’appelle Ryoko.
Elle est japonaise, écrit en français et en japonais, traduit dans les deux langues, vit à Paris, et c’est une poétesse des temps modernes. Sa plume est fine, sensible, aiguisée, d’une précision intimiste, observatrice silencieuses de nos sensations.
Lire Ryoko Sekiguchi, c’est un peu comme prendre le temps de respirer, vous savez, ce moment où l’on prend conscience de son propre souffle, et que l’on réalise que c’est un vrai miracle. Ses livres sont des souffles, des émotions, de vrais petits miracles. Ses mots apprennent à sentir, à humer, à goûter, à vivre en fait. Son écriture explore à l’infini les sensations, à travers ses rencontres (960 heures à Beyrouth ; et 321 plats qui les accompagnent), comme à travers les saisons (Nagori), les goûts ( il faut lire l’Astringent, petit traité remarquable sur ce goût méconnu dans nos régions ), sur les boisson ( (Sentir ).
Je suis fan de Ryoko, depuis longtemps. Imaginez combien je suis honorée et heureuse quand elle a rejoint les pages de Mordu le magazine. Sa rubrique « Dis moi ce que tu sens, je te dirai qui tu es » est un pur joyau olfactif, qui fait voyager notre odorat entre la cuisine, ( vous avez lu son article paru dans Mordu 13, sur Lionel Beccat, chef du restaurant Esquisse à Tokyo ?), la peinture, le cinéma, la musique…Lire Ryoko, c’est voir l’invisible, et donner libre cours à son imaginaire.
Quelle bière m’inspire Ryoko ?
Une bière aux parfums enivrants mais subtils et fins. Une bière qui raconte une histoire forcément. Une bière qui ne donne pas tout, tout de suite, ( comme c’est souvent le cas, même si la chose est agréable aussi ). Une bière avec un début, une fin. Nagori n’est pas loin. Le Japon aussi.
Tout part d’un petit livre de Ryoko, « Le curry japonais, dix façons de le préparer » écrit avec Mathilde Roellinger.

Ce livre ouvre toutes les portes du curry japonais et donne envie d’une bière de Bretagne. Est-ce l’évocation de ce nom breton, qui ouvre l’imaginaire sur l’océan et les voyages. Toujours est-il que le souvenir d’une bière me revient précisément à ce moment-là. Tomoe Gozen, c’est son nom. Je me souviens des effluves de cette bière toute légère, dorée, des fruits exotiques et du poivre. Une bière réalisée avec de la purée de Sudachi et du poivre Sansho. Me voilà sur l’île de Shikoku, c’est fou. J’ai le souvenir d’une acidité bien particulière, presque de l’astringence, avec des notes de citronnelle. C’est malin maintenant, je veux regoûter cette bière qui m’a marquée, et je n’en ai pas sous la main….

Il faut que je parte à Brest… Parce que Glenn Le Joly, quand il crée des bières, ce sont des invitations au voyage. Et ce n’est pas uniquement parce que le nom de sa brasserie est « En Bières Inconnues » !
Ce calendrier est en train de prendre l’allure d’un carnet de voyages, ce me semble.. Au fil des femmes, de la bière, toutes auteures pour l’instant… Où cela diable va-t-il nous mener?
Crédit photo portrait Ryoko Aline Princet